Anastrazole est un puissant inhibiteur non stéroïdien de l'aromatase, hautement sélectif. Chez la femme ménopausée, l'stradiol résulte essentiellement de la conversion, dans les tissus périphériques, de l'androstènedione en strone grâce au complexe enzymatique de l'aromatase. L'strone est ensuite convertie en stradiol. Il a été démontré qu'une réduction du taux d'stradiol circulant exerçait un effet bénéfique chez la femme atteinte d'un cancer du sein. Chez la femme ménopausée, Anastrazole, à raison d'une dose quotidienne de 1 mg, a freiné de plus de 80% la production de l'stradiol dont la mise en évidence s'est effectuée par une méthode de dosage hautement sensible.
Dans le traitement du cancer du sein hormonodépendant à un stade avancé, les essais cliniques contrôlés ont démontré l'efficacité d'Anastrazole:
en 1ère ligne,
en 2ème ligne après évolution sous tamoxifène ou autres antiestrogènes.
Anastrazole est dénué de toute activité progestative, androgénique ou strogénique.
L'administration d'Anastrazole jusqu'à 10 mg/j n'a aucun effet sur la sécrétion de cortisol ou d'aldostérone, mesurée avant ou après épreuve à l'ACTH. Un apport de corticoïdes s'avère donc superflu.
Les études cliniques de phase III ont montré qu'Anastrazole est efficace dans le traitement du cancer du sein au stade avancé et en adjuvant chez la femme ménopausée ayant des récepteurs hormonaux positifs.
Une étude de phase III (étude ATAC) a été réalisée chez 9366 patientes ménopausées présentant un cancer du sein opérable et traitées en adjuvant pendant 5 ans, 6241 patientes ont été randomisées soit sous Anastrazole, soit sous tamoxifène. 83,6% de ces patientes présentaient des récepteurs hormonaux positifs. Cette étude a montré qu'Anastrazole est statistiquement supérieur au tamoxifène en terme de survie sans évènement chez l'ensemble des patientes (HR 0,87 [0,78-0,97] p=0,0127).
Anastrazole s'est montré statistiquement supérieur au tamoxifène en terme de survie sans récidive chez l'ensemble des patientes (HR 0,79 [0,70-0,90] p=0,0005). Un bénéfice encore supérieur a été observé chez les patientes possédant des récepteurs hormonaux positifs, en terme de survie sans récidive en faveur d'Anastrazole (HR 0,74 [0,64-0,87] p=0,0002).
Anastrazole s'est montré statistiquement supérieur au tamoxifène en terme de temps sans récidive à distance chez l'ensemble des patientes (HR 0,86 [0,74-0,99] p=0,0427). Chez les patientes possédant des récepteurs hormonaux positifs, l'avantage numérique d'Anastrazole n'atteint pas le seuil de significativité (HR = 0,84 [0,70-1,00] p=0,0559).
L'incidence du cancer controlatéral est statistiquement diminuée par Anastrazole en comparaison au tamoxifène chez l'ensemble des patientes (OR 0,59 [0,39-0,89] p = 0,0131) et chez les patientes possédant des récepteurs hormonaux positifs, (OR 0,47 [0,30-0,76] p= 0,0018).
Le bénéfice en survie globale du tamoxifène est maintenu avec Anastrazole chez l'ensemble des patientes (HR 0,97 [0,85-1,12 p=0,7142) et chez les patientes possédant des récepteurs hormonaux positifs (HR 0,97 [0,83-1,14 p=0,7339).
Globalement, Anastrazole a été bien toléré.
Les patientes recevant Anastrazole ont présenté moins de bouffées de chaleur, de saignements vaginaux, de pertes vaginales, de cancers de l'endomètre, d'évènements thromboemboliques veineux et d'accidents vasculaires cérébraux ischémiques en comparaison à celles recevant du tamoxifène. Les patients recevant Anastrazole ont montré plus d'événements articulaires (incluant arthrite, arthrose et arthralgie) et des fractures en comparaison aux patients recevant du tamoxifène (taux de fracture de 22 pour mille patientes années sous Anastrazole versus un taux de fracture de 15 pour mille patientes années dans le groupe tamoxifène après un suivi médian de 68 mois).
L'association Anastrazole plus tamoxifène n'apporte pas d'efficacité supplémentaire par rapport au tamoxifène seul.
Pédiatrie
Anastrazole n'est pas indiqué pour une utilisation chez les enfants. L'efficacité n'a pas été établie dans les populations pédiatriques étudiées (voir ci-dessous). Le nombre d'enfants traités était trop limité pour permettre de tirer des conclusions fiables sur le plan de la sécurité d'emploi. L'Agence Européenne des Médicaments a donné une dérogation à l'obligation de soumettre les résultats d'études avec Anastrazole dans un ou plusieurs sous -groupes d'enfants présentant une petite taille en raison d'un déficit en hormone de croissance, d'une testotoxicose, d'une gynécomastie ou d'un syndrome de McCune-Albright.
Petite taille due à un déficit en hormone de croissance
Une étude multicentrique randomisée, en double aveugle, a évalué 52 garçons pubères (âgés de 11 à 16 ans inclus) présentant un déficit en hormone de croissance et traités pendant 12 à 36 mois par hormone de croissance en association soit à 1 mg/jour d'Anastrazole soit à un placebo. Seuls 14 sujets sous anastrozole ont terminé 36 mois de traitement.
Après 3 ans, l'anastrozole ralentit de façon statistiquement significative la maturation osseuse chez les garçons pubères traités par hormone de croissance. Concernant les paramètres liés à la croissance (la taille adulte prédite, la taille, la taille SDS [score de déviation standard de la taille] et la vitesse de croissance), aucune différence statistiquement significative n'a été observée par rapport au placebo. Les données finales sur la taille n'étaient pas disponibles. Bien que le nombre d'enfants traités soit trop limité pour permettre d'émettre des conclusions fiables sur le plan de la sécurité d'emploi, une augmentation du taux de fractures et une tendance à la diminution de la densité minérale osseuse ont été observées chez les enfants traités par anastrozole, par rapport à ceux sous placebo.
Testotoxicose
Une étude multicentrique, ouverte, non comparative a étudié l'association Anastrazole et
bicalutamide chez 14 enfants de sexe masculin (âgés de 2 à 9 ans) présentant une testotoxicose ou une puberté précoce familiale limitée aux garçons, traitée par l'association d'Anastrazole et de bicalutamide. L'objectif principal de cette étude consistait à évaluer l'efficacité et la sécurité d'emploi de cette association pendant 12 mois. Sur les 14 patients inclus dans l'étude, 13 ont terminé le traitement de 12 mois avec l'association (1 patient a été perdu de vue). Après 12 mois de traitement, aucune différence significative de la vitesse de croissance n'a été observée en comparaison aux 6 mois précédant l'inclusion dans l'étude.