Après injection intra-lymphatique
LIPIODOL ULTRA FLUIDE est libéré dans le sang, capté par le foie, les poumons où les gouttelettes lipidiques sont dégradées au niveau des alvéoles pulmonaires, de la rate et du tissu adipeux.
Après captation du produit dans les tissus et organes de rétention, la résorption varie de quelques jours à plusieurs mois ou années. Elle est continue et régulière et il est possible de déceler la présence d'iodure dans les urines tant que persiste une tâche opaque sur les clichés.
Après injection intra-musculaire
Une partie de l'huile s'accumule dans le muscle et les tissus voisins. Une autre partie est déiodée par la voie métabolique, l'iode étant utilisé pour compenser les pertes d'iode de la glande thyroïde.
L'élimination urinaire des iodures est massive et précoce (dans les premières heures qui suivent l'injection) mais se poursuit les mois suivants.
L'excrétion urinaire d'iode tombe à 50 µg/jour chez les adultes en 3 à 5 ans.
Après injection intra-artérielle sélective
L'iode reste principalement éliminé par voie urinaire. Après injection sélective dans l'artère hépatique pour le diagnostic des lésions hépatiques ou en chimio-embolisation trans-artérielle des carcinomes hépatocellulaires, LIPIODOL ULTRA FLUIDE est significativement plus concentré dans la tumeur que dans le tissu hépatique sain environnant.
La plupart des effets indésirables sont liés à la dose et la posologie doit donc être aussi faible que possible.
L'utilisation de LIPIODOL ULTRA FLUIDE provoque une réaction à corps étranger avec la formation de macrophages et de cellules géantes à corps étranger et la survenue d'un catarrhe sinusal, d'une plasmocytose et à la suite de remaniements du tissu conjonctif des ganglions lymphatiques. Des ganglions lymphatiques sains tolèrent la diminution de capacité de transport qui en résulte. Dans le cas de lésions ou d'hypoplasie des ganglions lymphatiques, ces remaniements peuvent exacerber une stase lymphatique existante.
Des réactions d'hypersensibilité sont possibles. Ces réactions regroupent un ou plusieurs effets, d'apparition concomitante ou successive incluant le plus souvent des manifestations cutanées, respiratoires et/ou cardiovasculaires, qui peuvent chacun être annonciateurs d'un état de choc débutant et, dans de très rares cas, aller jusqu'au décès.
En radiologie diagnostique :
Lymphographie :
Une forte élévation de la température suivie de fièvre entre 38 et 39°C peut être notée dans les 24 heures qui suivent l'examen.
Des micro-embols graisseux peuvent survenir avec ou sans symptômes. Dans de très rares cas, ils peuvent ressembler à des embols d'origine organique de par leur aspect et leur taille. Ils se présentent le plus souvent sous la forme d'opacités punctiformes sur les clichés radiographiques des poumons. Des augmentations transitoires de la température sont possibles. Les micro-embols graisseux apparaissent le plus souvent à la suite d'un surdosage du produit de contraste ou d'une perfusion trop rapide. Des anomalies anatomiques comme des fistules lympho-veineuses ou une diminution de la capacité des ganglions lymphatiques à fixer le produit de contraste (chez le sujet âgé ou après radiothérapie ou traitement cytostatique) favorisent leur survenue.
Les patients ayant un shunt cardiaque droit-gauche et ceux présentant une embolie pulmonaire massive sont particulièrement exposés à la survenue de micro-embols graisseux au niveau cérébral.
Diagnostic des lésions hépatiques :
On observe fréquemment une augmentation de température ; d'autres complications plus rares peuvent être observées : nausées, vomissements et diarrhées.
En radiologie interventionnelle :
Chimio-embolisation trans-artérielle :
La plupart des effets indésirables ne sont pas causés par LIPIODOL ULTRA FLUIDE, mais sont dus aux médicaments anticancéreux ou à l'embolisation elle-même.
Les effets indésirables les plus fréquents du traitement par chimio-embolisation trans-artérielle sont le syndrome de post-embolisation (fièvre, douleurs abdominales, nausées, vomissements) et des modifications transitoires des tests de la fonction hépatique.
Embolisation avec colles chirurgicales :
Il n'a pas été décrit de façon spécifique d'effets indésirables liés directement au LIPIODOL ULTRA FLUIDE.
En endocrinologie :
Hyperthyroïdie .
Les effets indésirables sont présentés dans le tableau ci-dessous, par classe de système d'organes et par fréquence selon les catégories suivantes : très fréquent (≥ 1/10), fréquent (≥ 1/100, < 1/10), peu fréquent (≥ 1/1000, < 1/100), rare (≥ 1/10 000, < 1/1000), très rare (< 1/10 000), de fréquence indéterminée (ne peut être estimée sur la base des données disponibles).
Classe de système d'organes | Fréquence : effet indésirable |
Affections du système immunitaire | Fréquence indéterminée : Hypersensibilité, réaction anaphylactique. |
Affections endocriniennes | Fréquence indéterminée : Hyperthyroïdie. |
Affections du système nerveux | Fréquence indéterminée : Embolie cérébrale. |
Affections respiratoires, thoraciques et médiastinales | Fréquence indéterminée : Embolie pulmonaire. |
Affections gastro-intestinales | Fréquence indéterminée : Vomissement, diarrhée, nausée. |
Troubles généraux et anomalies au site d'administration | Fréquence indéterminée : Fièvre, douleur. |
Lésions, intoxications et complications liées aux procédures | Rares : Lésions médullaires. Fréquence indéterminée : Embolie graisseuse. |
Effets indésirables chez l'enfant
La nature des effets indésirables attendus en rapport avec LIPIODOL ULTRA FLUIDE est identique à celle des effets signalés chez l'adulte. Leur fréquence ne peut être estimée sur la base des données disponibles.
LIPIODOL ULTRA FLUIDE ne doit pas être administré par voie intraveineuse, intra-artérielle (hors cathétérisme sélectif) ou intrathécale.
Il existe un risque d'hypersensibilité, quelle que soit la dose administrée.
Mises en garde
Lymphographie
Une embolie pulmonaire survient chez la majorité des patients subissant une lymphographie avec injection de LIPIODOL ULTRA FLUIDE, une partie du produit embolisant temporairement les capillaires pulmonaires. Il est peu fréquent que cette embolie se manifeste sur le plan clinique ; si c'est le cas, les signes sont immédiats (ils peuvent toutefois aussi apparaître plusieurs heures voire plusieurs jours après l'administration) et habituellement transitoires. C'est la raison pour laquelle les doses doivent être adaptées ou l'examen annulé chez les sujets présentant une altération de la fonction respiratoire, une insuffisance cardio-respiratoire ou une surcharge cardiaque droite préexistante, notamment si le patient est âgé. Les doses doivent être également réduites après une chimiothérapie anticancéreuse ou une radiothérapie car les ganglions diminuent de façon importante et ne retiennent donc que peu de produit de contraste. Il est recommandé de réaliser l'injection sous contrôle radiologique ou scopique. Il est possible de réduire au minimum l'envahissement pulmonaire en obtenant une confirmation radiologique que l'injection est bien intra-lymphatique (et non pas intraveineuse) et en interrompant l'examen dès lors que le produit de contraste devient visible dans le conduit thoracique ou que la présence d'une obstruction lymphatique est observée.
Hypersensibilité
Tous les produits de contraste iodés peuvent être à l'origine de réactions d'hypersensibilité mineures ou majeures, susceptibles de mettre en jeu le pronostic vital. Ces réactions d'hypersensibilité sont de nature allergique (réactions dites anaphylactiques si graves) ou non allergique. Elles peuvent être immédiates (moins de 60 min) ou retardées (jusqu'à 7 jours). Les réactions anaphylactiques sont immédiates et peuvent entraîner le décès. Elles sont indépendantes de la dose, peuvent survenir dès la première administration du produit et sont souvent imprévisibles.
Le risque de réaction majeure implique d'avoir à disposition immédiate les moyens nécessaires à une réanimation en urgence.
Les patients ayant déjà présenté une réaction lors d'une précédente administration de LIPIODOL ULTRA FLUIDE ou ayant des antécédents d'hypersensibilité à l'iode sont exposés à un risque accru de nouvelle réaction en cas de ré-administration du produit. Ils sont donc considérés comme des patients à risque.
L'injection de LIPIODOL ULTRA FLUIDE peut aggraver les symptômes d'un asthme existant. Chez les patients dont l'asthme n'est pas équilibré par un traitement, la décision d'utiliser LIPIODOL ULTRA FLUIDE doit bien faire peser le rapport bénéfice/risque au préalable.
Thyroïde
En raison de leur teneur en iode libre, les produits de contraste iodés peuvent modifier la fonction thyroïdienne et être ainsi à l'origine d'une hyperthyroïdie chez les patients prédisposés. Les patients à risque sont ceux ayant une hyperthyroïdie latente et ceux présentant une autonomie de la fonction thyroïdienne. L'iodisme survient plus fréquemment avec LIPIODOL ULTRA FLUIDE qu'avec des dérivés organiques hydrosolubles de l'iode.
La lymphographie sature la thyroïde en iode pendant plusieurs mois et il est donc nécessaire de pratiquer un bilan thyroïdien préalablement à l'examen radiologique.
Chimio-embolisation trans-artérielle
La chimio-embolisation trans-artérielle n'est pas recommandée chez les patients présentant une cirrhose décompensée du foie (Child-Pugh ≥ 8), un dysfonctionnement hépatique sévère, une invasion macroscopique et/ou une dissémination extra-hépatique de la tumeur.
Une procédure intra-artérielle hépatique peut entraîner une insuffisance hépatique irréversible chez les patients présentant un dysfonctionnement hépatique grave et/ou traités par plusieurs sessions rapprochées. Un envahissement tumoral supérieur à 50% du foie, un taux de bilirubine supérieur à 2 mg/dl, un taux de lactate déshydrogénase supérieur à 425 mg/dl, un taux d'aspartate aminotransférase supérieur à 100 UI/L et une cirrhose décompensée ont été décrits comme étant associés à une augmentation de la mortalité post- procédure.
Les varices sophagiennes doivent être surveillées attentivement car elles peuvent se rompre immédiatement après le traitement. Si un risque de rupture est identifié, une sclérothérapie/ligature endoscopique doit être effectuée avant la procédure de chimio-embolisation trans-artérielle.
Le risque d'insuffisance rénale induite par les agents de contraste iodés doit être prévenu par une hydratation systématique avant et après la procédure.
Le risque de surinfection dans la zone traitée est peut être prévenu par l'administration d'antibiotiques.
Embolisation avec colle chirurgicale
Une réaction de polymérisation précoce est susceptible de se produire de façon exceptionnelle entre LIPIODOL ULTRA FLUIDE et certaines colles chirurgicale, voire certains lots de colle. Avant toute utilisation de nouveaux lots de LIPIODOL ULTRA FLUIDE ou de colle chirurgicale, il est nécessaire de s'assurer in vitro de la compatibilité entre LIPIODOL ULTRA FLUIDE et la colle.
Précautions d'emploi
Hypersensibilité
Avant l'examen :
Identifier les patients à risque par un interrogatoire précis sur leurs antécédents.
Les corticoïdes et les antihistaminiques H1 ont été proposés comme prémédication chez les patients présentant le plus grand risque de réactions d'intolérance (intolérants connus à un produit de contraste). Ils n'empêchent cependant pas la survenue d'un choc anaphylactique grave ou mortel.
Pendant la durée de l'examen, il convient d'assurer :
Une surveillance médicale,
Le maintien d'une voie d'abord veineuse.
Après l'examen :
Après l'administration d'un produit de contraste, le patient doit rester en observation au moins 30 minutes, car la majorité des effets indésirables graves surviennent dans ce délai.
Le patient doit être prévenu de la possibilité de réactions retardées (jusqu'à 7 jours après administration) .
Thyroïde
Il est impératif de rechercher les éventuels facteurs de risque thyroïdiens pour prévenir tout trouble métabolique. S'il est prévu d'administrer un produit de contraste iodé chez de tels patients à risque, une évaluation de la fonction thyroïdienne doit être effectuée préalablement à l'examen.
Chimio-embolisation trans-artérielle / Embolisation
Les produits de contraste iodés peuvent provoquer une altération transitoire de la fonction rénale ou aggraver une insuffisance rénale préexistante. Les mesures préventives sont les suivantes :
Identifier les patients à risque : patients déshydratés ou insuffisants rénaux, diabétiques, insuffisants cardiaques sévères, atteints d'une gammapathie monoclonale (myélome multiple, macroglobulinémie de Waldenström), sujets ayant des antécédents d'insuffisance rénale après administration de produits de contraste iodés, enfants de moins d'un an, sujets âgés athéromateux.
Hydrater avant et après réalisation du geste.
Eviter d'associer des médicaments néphrotoxiques. Si une telle association est nécessaire, il faut renforcer la surveillance biologique rénale. Les médicaments concernés sont notamment les aminosides, les organoplatines, le méthotrexate à fortes doses, la pentamidine, le foscarnet et certains antiviraux [aciclovir, ganciclovir, valaciclovir, adéfovir, cidofovir, ténofovir], la vancomycine, l'amphotéricine B, les immunosuppresseurs tels que la ciclosporine ou le tacrolimus, l'ifosfamide.
Respecter un intervalle d'au moins 48 heures entre deux explorations radiologiques ou interventions avec injection de produits de contraste iodés, ou différer tout nouvel examen ou intervention jusqu'à la restauration de la fonction rénale initiale.
Prévenir une acidose lactique chez les diabétiques traités par la metformine en se fondant sur la créatininémie. Fonction rénale normale : le traitement par la metformine doit être interrompu avant l'injection du produit de contraste pour une période d'au moins 48 heures ou jusqu'au retour d'une fonction rénale normale. Fonction rénale anormale : la metformine est contre-indiquée. En urgence, si l'examen s'impose, des précautions doivent être mises en place, à savoir arrêt de la metformine, hydratation, suivi de la fonction rénale et recherche de signes d'acidose lactique.
Les facteurs de risques cardiovasculaires et/ou pulmonaires doivent être évalués avant d'initier une procédure de chimio-embolisation trans-artérielle.
Divers
L'injection dans certaines fistules requiert la plus grande prudence afin d'éviter toute pénétration vasculaire compte tenu du risque d'embolie graisseuse.
On veillera à ne pas injecter le produit dans une zone hémorragique ou traumatisée.