Pharmacocinétique - PIRÉTANIDE - voie orale
Cette forme galénique spéciale (répartition homogène du pirétanide sur la surface de microgranules et enrobage de gomme laque) permet un étalement dans le temps de l'effet diurétique et natriurétique en conservant l'effet global.
La biodisponibilité relative des gélules à libération prolongée par rapport aux comprimés est de 85 à 90 %.
La concentration plasmatique maximale est atteinte en 2 heures.
Le pirétanide est fixé à 96 % sur les protéines plasmatiques et principalement sur l'albumine.
Il est faiblement métabolisé.
Il s'élimine essentiellement par voie urinaire : environ 80 % de la dose administrée sont retrouvés dans les urines principalement sous forme inchangée. La demi-vie est de 60 minutes après administration orale et de 40 minutes après administration intraveineuse. Elle est doublée chez l'insuffisant rénal mais l'élimination extra-rénale (biliaire) est susceptible de compenser cette réduction d'élimination.
Le pirétanide est faiblement dialysable.
Chez l'insuffisant hépatique présentant une ascite, le pirétanide est absorbé plus lentement, les autres paramètres pharmacocinétiques étant inchangés.
L'insuffisance cardiaque ne modifie aucun des paramètres pharmacocinétiques du pirétanide.
Hypokaliémiants :
L'hypokaliémie est un facteur favorisant l'apparition de troubles du rythme cardiaque (torsades de pointes notamment) et augmentant la toxicité de certains médicaments, par exemple la digoxine. De ce fait, les médicaments qui peuvent entraîner une hypokaliémie sont impliqués dans un grand nombre d'interactions. Il s'agit des diurétiques hypokaliémiants, seuls ou associés, des laxatifs stimulants, des glucocorticoïdes, du tétracosactide et de l'amphotéricine B (voie IV).
Hyponatrémiants :
Certains médicaments sont plus fréquemment impliqués dans la survenue d'une hyponatrémie. Ce sont les diurétiques, la desmopressine, les antidépresseurs inhibant la recapture de la sérotonine, la carbamazépine et l'oxcarbazépine. L'association de ces médicaments majore le risque d'hyponatrémie.
Médicaments ototoxiques
L'utilisation conjointe de médicaments ayant une ototoxicité augmente le risque d'atteinte cochléo-vestibulaire. Si une telle association est nécessaire, il convient de renforcer la surveillance de la fonction auditive.
Les médicaments concernés sont, notamment, les glycopeptides tels que vancomycine et teicoplanine, les aminosides, les organoplatines et les diurétiques de l'anse.
Associations déconseillées
+ Lithium
Augmentation de la lithémie avec signes de surdosage, comme lors d'un régime désodé (diminution de l'excrétion urinaire du lithium).
Si l'association ne peut être évitée, surveillance stricte de la lithémie et adaptation de la posologie du lithium.
+ Aminosides, céphalosporines et polymyxines
Les effets néphrotoxiques de certains antibiotiques (par exemple aminosides, céphalosporines, polymyxines) et les effets ototoxiques des aminosides (par exemple kanamycine, gentamicine, tobramycine) peuvent être majorés si le pirétanide est donné simultanément. La déficience auditive peut être irréversible.
L'administration concomitante des produits mentionnés ci-dessus avec le pirétanide doit donc être évitée.
Associations faisant l'objet de précautions d'emploi
+ Médicaments susceptibles de donner des torsades de pointes
Risque majoré de troubles du rythme ventriculaire, notamment de torsades de pointes.
Corriger toute hypokaliémie avant d'administrer le produit et réaliser une surveillance clinique, électrolytique et électrocardiographique.
+ Inhibiteurs de l'enzyme de conversion et antagonistes des récepteurs de l'angiotensine II
Risque d'hypotension artérielle brutale et/ou d'insuffisance rénale aiguë lors de l'instauration ou de l'augmentation de la posologie d'un traitement par un IEC ou un ARAII en cas de déplétion hydrosodée préexistante.
Dans l'hypertension artérielle, lorsqu'un traitement diurétique préalable a pu entraîner une déplétion hydrosodée, il faut :
Soit arrêter le diurétique avant de débuter le traitement par l'IEC ou l'ARAII et réintroduire un diurétique hypokaliémiant si nécessaire ultérieurement,
Soit administrer des doses initiales réduites d'IEC ou d'ARAII et augmenter progressivement la posologie.
Dans l'insuffisance cardiaque congestive traitée par diurétiques, commencer par une dose très faible d'IEC, éventuellement après réduction de la dose du diurétique hypokaliémiant associé.
Dans tous les cas, surveiller la fonction rénale (créatininémie) dans les premières semaines du traitement par l'IEC ou par l'ARAII.
+ Acide acétylsalicylique
Pour des doses anti-inflammatoires d'acide acétylsalicylique (≥ 1 g par prise et/ou ≥ 3 g par jour) ou pour des doses antalgiques ou antipyrétiques (≥ 500 mg par prise et/ou < 3 g par jour) : insuffisance rénale aiguë chez le malade déshydraté, par diminution de la filtration glomérulaire secondaire à une diminution de la synthèse des prostaglandines rénales. Par ailleurs, réduction de l'effet antihypertenseur.
Hydrater le malade et surveiller la fonction rénale en début de traitement.
+ Anti-inflammatoires non stéroïdiens
Insuffisance rénale aiguë chez le malade à risque (sujet âgé et/ou déshydraté) par diminution de la filtration glomérulaire (inhibition des prostaglandines vasodilatatrices due aux anti-inflammatoires non stéroïdiens). Par ailleurs, réduction de l'effet antihypertenseur.
Hydrater le malade et surveiller la fonction rénale en début de traitement.
+ Diurétiques épargneurs de potassium (seuls ou associés)
L'association rationnelle, utile pour certains patients, n'exclut pas la survenue d'hypokaliémie ou, en particulier chez l'insuffisant rénal et le diabétique, d'hyperkaliémie.
Surveiller la kaliémie, éventuellement l'ECG, et s'il y a lieu reconsidérer le traitement.
+ Autres hypokaliémiants
Risque majoré d'hypokaliémie.
Surveillance de la kaliémie avec si besoin correction.
+ Réglisse
La consommation fréquente de réglisse peut s'accompagner d'une baisse du taux de potassium.
+ Digitaliques
Hypokaliémie et hypomagnésémie favorisant les effets toxiques des digitaliques.
Corriger auparavant toute hypokaliémie et hypomagnésémie, et réaliser une surveillance clinique, électrolytique et électrocardiographique.
+ Metformine
Acidose lactique due à la metformine, déclenchée par une éventuelle insuffisance rénale fonctionnelle, liée aux diurétiques de l'anse.
Ne pas utiliser la metformine lorsque la créatininémie dépasse 15 mg/l (135 micromol/l) chez l'homme et 12 mg/l (110 micromol/l) chez la femme.
+ Produits de contraste iodés
En cas de déshydratation provoquée par les diurétiques, risque majoré d'insuffisance rénale fonctionnelle aiguë, en particulier lors d'utilisation de doses importantes de produits de contraste iodés.
Réhydratation avant administration du produit iodé.
+ Carbamazépine
Risque d'hyponatrémie symptomatique.
Surveillance clinique et biologique. Si possible, utiliser une autre classe de diurétiques.
Associations à prendre en compte
+ Dérivés nitrés et apparentés
Majoration du risque d'hypotension, notamment orthostatique.
+ Ciclosporine
Risque d'augmentation de la créatininémie sans modification des concentrations sanguines de ciclosporine, même en l'absence de déplétion hydrosodée. Egalement, risque d'hyperuricémie et de complications comme la goutte.
+ Alphabloquants à visée urologique : alfuzosine, doxazosine, prazosine, silodosine, térazosine, tamsulosine
Majoration de l'effet hypotenseur. Risque d'hypotension orthostatique majoré.
+ Antihypertenseurs alphabloquants
Majoration de l'effet hypotenseur. Risque majoré d'hypotension orthostatique.
+ Organoplatines
Risque d'addition des effets ototoxiques et/ou néphrotoxiques.
Si le cisplatine et le pirétanide sont pris simultanément, il y a un risque d'ototoxicité. Une diurèse forcée avec faible dose de pirétanide après un traitement par cisplatine ne peut être entreprise que si le bilan hydrique est positif ; sinon, la néphrotoxicité du cisplatine est potentialisée.
+ Autres médicaments ototoxiques (pour les aminosides, voir les associations déconseillées)
Majoration de l'ototoxicité.
+ Autres médicaments hyponatrémiants
Majoration du risque d'hyponatrémie.
+ Médicaments à l'origine d'une hypotension orthostatique (notamment antihypertenseurs, dérivés nitrés, inhibiteurs de la phosphodiestérase de type 5, alpha-bloquants à visée urologique, antidépresseurs imipraminiques, neuroleptiques phénothiaziniques, agonistes dopaminergiques, lévodopa)
Risque de majoration d'une hypotension, notamment orthostatique.
Il peut être nécessaire d'augmenter les doses des médicaments antidiabétiques chez les patients diabétiques.
L'action des salicylates et des myorelaxants type curares peut être majorée et celle des amines pressives (par exemple adrénaline, noradrénaline) diminuée.
Le probénécide peut diminuer l'effet du pirétanide.